Bienvenue Lieutenant [pv Belial]

Sans cesse répétaient-ils "ne te mets pas en travers des frères" et la peur qui se lisait sur leurs visage me dégoutait. J'ai tué les messagers qui ont osé m'avertir ainsi et pour maîtriser ce qu'il restait d'inconnu de mon territoire je suis allé loin, à l'extrême Est, là où du désert il ne reste que des vestige de roches et de falaises, des tombes dressés vers le ciel comme les pointes de milliers de lances. Sur le dos d'Ordali, j'avançais patiemment entre les pointes rocheuses. L'étalon souffrait de l'exigüité des rares passages, mes jambières étaient déchirées à force de frotter contre la pierre. Etrangement, même si mes jambes elles-mêmes égratignées contre la pierre saignaient, je ne sentais rien. J'avais oublié la douleur de ces rares blessures pour avancer entre les pointes.

Tous avaient fuis. Les rares soldats que j'avais levés pour m'accompagner jusqu'ici, ils avaient fuis avant même que l'on est atteint les pics rocheux de l'extrême Est. Je me suis moquée d'eux, et à mon retour je me chargerai de mettre à mal ces idiots qui osent me servir. Ordali refusa d'avancer plus avant, une faille venait limiter la fin de mon chemin à dos de cheval. Soit, déployant mes ailes, je me laissais porter dans les airs, planant tel un vautour et renvoyant l'animal à ma demeure. Le cheval commença à reculer lentement, à s'extirper avec langueur des triangles rocheux contre lesquels il s'était coincé en me menant jusque là.

Les démons ne sont pas maîtres de cieux naturellement. Nos ailes souvent faites de cuirs et d'écailles ne servaient qu'à planer, nous étions dépendant des courants ascendants et des bourrasques possible, à l'inverse des anges qui volaient réellement. Ne volant que rarement, je descendis bien vite jusqu'au sol, passée la faille, je dus continuer d'avancer seule parmi les pointes de roche.

L'on disait qu'au fond de l'Est, là où les démons ne s'aventurent plus, par peur et par manque d'attirance pour un lieu aussi difficilement tolérable, il y avait deux frères, des démons, des ermites reclus dans ces terres que je comptais bien tuer ou rallier à mon domaine. Valère et Valeron. L'un puissant magicien maîtrisait les arts d'invocations, quant à son frère, je me souviens avoir entendu dire qu'il était un maître d'arme des plus redoutable, combattant à l'aide de deux sabres et de ses épaulières ornées de piques acérés, autant que le sont les pointes de cet endroits.

Je n'en pouvais plus de voir à perte de vu des pointes de roche noir s'élever vers le ciel, cet endroit lugubre m'ennuyait au plus haut quand enfin je pus voir ce qui m'intéressait. Plantés sur les pointes les cadavres de deux angelots, empalés sauvagement, se vidaient de leur sang. Je les reconnaissais pour les avoir vu me suivre il y a peu, ils n'étaient pas discrêts ces deux là dans le désert... Les anges envahissent trop souvent les enfers, celui qui avait fait le ménage méritait que je le remercie à ma façon. Je ne doutais pas qu'il s'agissait de Valeron.
Ce que je sentis par la suite me prouva que j'étais exactement là où je devais me rendre. Un sourire passa furtivement sur mes lèvres et je sentis l'odeur de la colère, de l'envie et de la luxure envahire les lieux. Si ces sentiments étaient doublés par l'approche d'un allié, je le savais ils correspondaient à la présence d'un premier personnage déjà là. Juste en face de moi.

-Je vous vois avec autre chose que mes yeux. Sortez de votre cachette Valeron, je ne suis pas de celles qui tolèrent les impolitesses sur ses terres.

J'ôtais mes gants de cuir, défaisait le nœud et le camée ornant mon cou, rangeant le tout dans un poche, je me préparais à utiliser de mes propres capacités pour le faire sortir de son trou, lorsque je le vis. Le démon, des cheveux bleu-nuit coupés courts, une armure entaillée des pieds à la tête, une peau si pale couverte de cendres et de sang, il courait vers moi, armes en mains. Je croisais son regard clair, et je n'eus que le temps de plonger entre deux pics rocheux alors qu'il comptait tailler de la tête au pied...
De ce moment je ne me souvins que de ce pouvoir qui me trahit mieux qu'un cri, je libérais brusquement cette force de persuasion qu'était la luxure. Si ce péché était le plus amusant en situation contrôlée, il en devenait étonnamment dangereux dans un tel combat ; mais ce sentiment était celui qui habitait le fou qui souhaitait me tuer.
Non je n'avais pas peur, ce sentiment m'était inconnu. Je mourrai sans jamais l'avoir connu. Mais le dégout, le déni si. Valeron plus habitué que moi à ce terrain original déboucha de nulle part en face de moi, ce péché grandissant en lui, je fus repousser contre une pointe qui me vrilla le dos. Il était là, respirant mon odeur, si proche que je ne pouvais m'en dégager sans me briser le dos. Il ne me restait que l'espoir que mon allié me trouve rapidement. Un honte, rien que pour moi.

Bélial arriva à point nommé. Entre les pointes de roches dressées je le vis expulser d'un coup de pied Valeron. De nouveau libre je m'écartais brusquement et me plaçais presque automatiquement derrière le lieutenant. J'ignorais le sourire et le clin d'oeil qu'il m'offrit ; son côté tête brûlée m'énervait sans jamais me pousser à lui dévoiler une nouvelle fois mes capacités. Je préférais remettre mes gants, c'est en observant ma minucieuse manipulation des cuirs que je me rendis compte de mon pantalon déchiré, de ma peau luisante de sang, de mes jambières inexistante.
Avec dédain je détournais la tête et observais la direction d'où venait le murmure d'une incantation. Une moue agacée déforma mes traits alors que je parlais à mon lieutenant fraichement débarquer dans se désert de rocailles.

-Ne m'appelles pas ainsi Bélial, je n'aime pas te le répéter sans cesse.

Il y a une seconde j'étais à la mercie du démon qui se relevait à peine du coup reçu, et à présent, comme si de rien était, faisant fis de mes nausées de honte d'avoir été sauvée par un homme -mais quel homme ! (XD)- je me redressais et retrouvais toute ma constance. Mon pouvoir s'évaporait du corps de Valeron alors que je ne maintenais plus aucune concentration. Les capacités de luttes du démon n'était pas dans mes cordes, j'en avais besoin et il se trouvât que j'avais en face de moi mon lieutenant presque préféré décidé à en démordre.

-Dois-je aussi te répéter aussi que je ne suis pas de celles qui t'appartiennent.

Approchant son dos, je posais ma main sur son épaule et murmurait lascivement.

-Tu es à moi.

Le frère de notre ennemi apparu enfin. Une invocation se formait dans les airs, je n'appréciais pas ce type de magie trop lente à mon gout et trop hypocrite. Quelques pas vers mon adversaire, je laissais le maître d'arme à Bélial, se serait son combat, quant à moi je comptais bien me charger de l'invocateur. Lui n'était pas celui pour qui j'étais venue, il était le démon qui piétinait mes terres sans mon autorisation. J'obtiendrais le frère et tuerai l'invocateur, c'était là mon idée... Et puis...
Autre chose, cet invocateur semblait pouvoir recréer dans sa dimension intérieur des êtres d'une force incomparable ; le tuer serait du gâchis après tout. Un sourire, je rendis son clin d'oeil à Bélial et dans un souffle, les lèvres à peines entre-ouvertes je dégageais ce qui faisait de moi le seigneur d'aujourd'hui.
L'envie. Ce frère était pétrie d'envie, j'allais le lui offrir sur un plateau le péché le plus incommodant existant, ce lui d'une frustration sans limite. Je n'étais pas une amoureuse des démonstrations de pouvoir, et pourtant en cet instant précis j'aurai aimé que tous me voit agir. Que ce roi fou des enfers puisse constater lui-même à quel point il était impuissant face à moi, je voulais que tout les seigneurs et archanges prennent peur devant ce qui était un pouvoir transcendant.

-Vous foulez ma propriété messieurs, je ne puis vous accorder l'absolution que dans un cas. Joignez-vous à moi !

J'avais dis cela fièrement, je savais que Bélial se ficherait pas mal de tuer ou non ces deux démons, nous en avions le pouvoir. Mais, moi, je les voulais. Leurs compétences devaient solidifier les rangs du domaine Aozora. Ma seule envie.

Si un jour j'avais l'énergie d'apprendre les bonnes manières et les convenances à Bélial j'y songerai sérieusement, or, en cet instant je ne pouvais réellement faire attention à ce qu'il se racontait avec Valeron. J'avais l'invocateur face à moi, une étrange créature ni dragon ni lion, ni humaine, ni animale sortait de terre. Faite d'écailles et de roche je reculais sous la surprise. Une telle puissance dans une si courte invocation... Je comprenais mon erreur, le frère n'avait été là que pour distraire mon attention, les anges avaient couvert les premières litanies de la magie incantatoire et pendant que son frère m'attaquait et subissait l'attirance que sucitait la luxure, Valère peaufinait son rituel... La bête était ainsi née sur mes terres.
Tout cela me confortait dans mon envie de voir ces deux hommes rejoindre mes rangs. Et si pour cela je devais user de tout mon pouvoir... Je les aurai à ma merci, quoi qu'il m'en coûte.

La créature ne fit pas un pas, elle attendait les ordres de son maître. Détenant un français bien plus poussé que son frère, Valère me parla. Lui n'insultait pas, sa verve semblait mieux construite, plus arrogante encore. J'écoutais ses mots, son ricanement, son sentiment de supériorité. Orgueil et vanité.

-Nous ne sommes les hommes de personne Lady.

Il avança d'un pas, s'approchant de moi, et s'arrêta soudainement. J'entendis Bélial m'interpeller... J'entendais les cliquetis de métal, les percussions que produisaient le choc des épées en se répercutant contre la roche environnante, un écho entêtant. Ces hommes se pensaient supérieur, ils croyaient que leur duo suffirait à vaincre quiconque se présenterait dans le domaine qu'ils s'étaient octroyés. Hélas pour eux, leurs terres étaient en réalité les miennes, et leur pouvoir n'avaient d'effet que si je le consevais ainsi. Car j'avais l'entière supériorité magique de la zone. Si Bélial était, selon moi, capable de mettre à mal Valeron, je pouvais maitriser les deux hommes, simplement et efficacement. Evidemment, je reste une démone fière et peu généreuse. Je laissais Bélial se faire plaisir dans ce combat de brute, et je comptais me charger à ma façon de l'invocateur.

Tellement de péché en eux, les démons sont vils, faciles à maîtriser. Je retrouvais en une seconde toute la confiance qui faisait de moi la première femme seigneur en enfer.

-Bélial, je ne suis pas une femme, je suis une Dame. Quant à la courtoisie...toute femme n'en mérite pas et pourtant tout homme mérite qu'on le châtie. Amuses-toi bien, je te laisse faire ce que bon te semble du combattant. Je ne lui pardonnerai pas d'avoir posé les mains sur ma personne. Quant à Valère... Je suis navrée de tous vous apprendre que vous êtes déjà sous mon contrôle.

Valère avança lentement, sa créature ne recevant aucune prérogatives n'avançaient pas. Elle patientait et l'observait venir à moi.
L'envie.
Il tomba à genoux devant moi, ses bras encerclant ma taille. Il ressentait ce que tout homme ressent lorsqu'il désir ardemment une chose, et je pouvais lui faire croire que j'étais la seule à le détenir. Je le repoussais brutalement, un démon n'a pas le droit de me toucher. Il n'y en a jamais eu qu'un seul qui se permet ainsi d'être aussi familier. Et Bélial n'était pas ce démon. Valère ne méritait pas de me toucher. Il se releva, m'observa. Les yeux vitreux, il comprenait. Je le libérai brutalement de mon emprise, insufflant en son coeur une colère sans limite... pour celui qui osa touché la chose qu'il désirait, moi.
Valère se tourna contre son frère, en plein duel avec Bélial.
Je vis le sang de mon lieutenant coulé, et j'entendis un rire. Le sien. Le combat était inéquitable pour Valeron. Son propre frère se retournant contre lui.

-Assommes-le, Valère, et empêches-le d'abîmer encore mon lieutenant.

Certes j'avais totalement changé d'avis, Bélial n'aurait pas longtemps le plaisir de se battre à sa guise. J'étais décidé à m'occuper de tout ceci rapidement. Vérifiant ma chemise, grimaçant sur les tâches et le manque de beauté que suscitait mon état, je reculais, perdant peu à peu l'envie de suivre la suite des évènements. Tout redevenait ennuyant à mourir, inintéressant. Des hommes, des luttes, le tout manquait de finesse, mais au moins j'obtenais ce que j'étais venu chercher.

La phrase de Lady Aozora retentit dans la tête de Bélial comme un gong sonnant la fin de son combat. Il récupéra à demi son calme et son regard se posa sur la créature qui avait immergé du sol, appelé par son invoqueur. Valère s'approcha de Dorinne et la toucha.

Quoi? ! Cette espèce de blaireau touché Dorinne? ! Mais pour qui il se prenait? !

Bélial serra les points, s'il n'aurait pas su Dorinne maîtresse de la situation, il aurait bien découpé en morceau ce Valère, mais il se rappela bien vite qu'il avait un adversaire en face de lui. Lorsque l'autre revint à la charge, le lieutenant lui fit face rapidement, attrapa son sabre par la lame et de la garde frappa violemment l'autre en pleins milieux du front. Valeron se stoppa soudainement, ses deux sabres tombants sur le sol dans un bruit de métal, suivit de prêt par leur porteur, qui lui s'écroula, tel un arbre abattu, en arrière et toucha le sol dans un bruit sourd. Bélial l'observa d'un oeil dédaigneux.

"-On ne m'abîme pas impunément! Tu as de la chance que je devais te laisser en vie!"

Il fit disparaître son dernier sabre de sa main blesser par la lame de ce dernier, puis il se tourna vers Valère et Dorinne.

"-Hey! Le lourdaud! Au lieu de tenter de me piquer mon adversaire, rappelle plutôt ton monstre, avant que je ne le découpe en morceau ou ne le face griller comme un poulet... ça me démange alors dépêche toi!"

Il avança vers Dorinne, puis se stoppa juste au côté de Valère qui s'était immobiliser en silence.

"-Oh! Tant que j'y pense... ramasse ton crétin de frère, il encombre ma vision!"[/color]

Il ponctua sa phrase d'un sourire presque moqueur et rejoignit Dorinne.[/font]

"-décidément tu ne me laisseras jamais me défouler à fond... faut toujours que tu gâches mon plaisir... alalala... déjà que je suis frustré par ta faute..."

Il soupira longuement.

"-m'enfin... c'est la vie..."

Bélial semblait apprécier grandement de récupérer subitement deux subordonnés de plus à tyranniser. Je lui laissais au moins ce plaisir, puisqu'il n'avait pas tort, je venais de lui ôter un combat. Chez les démons, c'était passible de mort, ou de duel d'honneur. Evidemment, j'étais la seule à oser ce genre de choses avec le démon, j'étais plutôt bien tombé niveau lieutenant, il existait bien pire...
Ses manières restaient tout de même inintéressantes. Frustré, lui ? Vu le nombre de fillettes qu'il mets dans son lit je restais sceptique à cette idée. Si quelqu'un était frustré sur terre une chose était sûre ce n'était pas lui... à moins que Mr-hormone ne soit... encore pire que je ne l'imaginais.

-Je gâcherai chaque plaisir qui me permettra de te voir m'obéir. Téléportes toi avec ces deux là à la Villa. Je t'y rejoindrais lorsque j'aurai récupéré Ordali.

Mon cheval devait déjà être en route pour la maison à l'heure qu'il était, je devais le rejoindre et l'emmener avec moi par portail. J'avais dans l'idée que Bélial saurait se débrouiller avec les deux démons lorsque je fis un bref demi-tour et commença à partir vers l'Ouest. Valère fit un pas, il souhaitait m'accompagner. Je le repoussais d'un regard noir.

-N'essayes même pas de me protéger. Tu obéiras aux ordres de mon lieutenant et uniquement aux siens hors de ma présence. Idem pour ton frère.

Un dernier regard pour le lieutenant.

-Fais soigner Valeron, à mon retour je dois me charger de leur apprendre à ne plus jamais poser la main sur moi. Quant à toi... Il va bientôt être l'heure du déjeuner, je t'attendrais pour me tenir compagnie, soignes ça aussi. J'indiquais d'un simple mouvement de tête la blessure de son bras.

Je quittais les lieux sans lever la tête, les corps des anges gisaient encore là à pourrir, sans intérêt, et il y avait dans l'air une odeur de victoire qui ne me laissait pas indifférente. Je venais de me constituer le trio de guerriers les plus dangereux de tout les enfers. Il était certain que mon nom allait rapidement élever des incendies parmi les autres seigneurs.Une fierté entachée par le simple fait que sans Bélial j'aurai eu bien plus de mal.
J'étais donc plutôt heureuse d'avoir à mes ordres un lieutenant de sa trempe, même si ses manières m'agaçaient et que ça façon de croire que toute femme devait lui appartenir et passer par son lit était au plus haut point irritant.

(je clos ainsi, on se rejoint à la Villa.)