Oisive déchéance

Devant le miroir en pied de cette immense suite nouvellement mienne, je terminais de ficeler avec précision le nœud bleu qui devait tenir les dentelles en place à mon cou. J'appréciais d'observer mon reflet dans ce miroir. L'image qu'il me renvoyait était à l'image exacte de ce que j'étais, une belle femme qui n'avait strictement aucun scrupule. Je ne m'en cachais pas, je n'avais rien à craindre de mes confrères démoniaques. Rien que les nommer ainsi était une bien heureuse attention que je leur offrais. S'il n'avait jamais obtenu de moi qu'un vague air indifférent, les démons avait depuis longtemps perdu tout intérêt à mes yeux. Je n'allais pas jusqu'à dénigrer les compétences de la race démoniaque, j'étais bien trop fière pour cela. Par contre, j'avais envie de voir ce que donnait ma présence dans le monde, loin des démons.

La rumeur disant que j'étais nouvellement promu seigneur avait déjà dû atteindre les anges et pour cette simple raison je voulais aller voir par moi-même ce qu'il en advenait d'être un seigneur démoniaque.

Une domestique vint m'apporter mes chausses, et l'instant d'après je la repoussais sans ménagement pour quitter la maison. Je n'aimais pas ouvrir des passages à l'intérieur de ma demeure, ni même me fatiguer à en ouvrir, je préférai de loin utiliser celle de la ville. Un Lipizan, magnifique étalon, sellé avec soin fut amené à l'entrée. Je laissais ma monture me conduire jusqu'à la ville. Je retrouvais mes souvenirs de la place des torturats, continuais d'avancer. J'abandonnais mon cheval à un palefrenier, et passais la brèche.

Atlantis, une dimension entre les monde. Une sorte de passage du milieu. Il y avait de tout ici. Des idiots de démons, des anges tout aussi acculturés et des humains dont l'importance ne cessaient de croître alors que leur bon sens déclinait. Je vis des regards se tourner vers moi. Que se soit mon habit, ou mon apparence je faisais déjà de l'effet. Et pour mon égo surdimensionné, selon les critères extérieurs, c'était déjà un excellent début.

Un sourire, je dévoilais sans vraiment le vouloir mes canines. Il parait que je possède des ascendance de vampire, ce simple fait était totalement enterré dans mon esprit, puisque les vampires avaient cette capacité propre de se lier aux humains et d'en faire des démons... Une forme de mutation qui me laissait perplexe. Et par tout les diables, il y avait bien peu de choses qui me laissait ainsi.

Traversant la ruelle, j'ignorais les sourires complaisants de démons trop jeune pour comprendre qu'on ne me regarde pas sans risquer la mort. Et dans tout ça je n'avais pas vraiment le droit de tous les annihiler, puisque la guerre demandait autant de soldats que de chair à canon, mieux valait laissé ces jeunots servir pour le second rôle. Je me chargerai d'éduquer les soldats.

L'auberge des 3 mondes annonçait l'enseigne. Et même si je n'appréciais pas l'endroit, j'y entrais. Le plaisir de me faire remarquer, le plaisir simple d'être regardé avec crainte. Avec désir. Toutes ces choses qui grisait mon pouvoir et le sensibilisait à tel point qu'il en devenait d'une rare efficacité. Une étincelle et j'embraserai cette foule sans un remord...

Je ne pris pas la peine de voir le monde dans l'auberge, je récupérai le livret que la serveuse me tendit presque apeurée, et alla m'installer à une table près d'un mur mal décoré d'un affreux vieil humain... Dans tout ça, je ne vis même pas l'ombre se glisser jusqu'à ma table...

Etre archange était certes plus facile qu'être roi, mais il n'en restait pas moins un rang fâtiguant ! Je n'avais plus un moment à moi, plus un seul ! Loin de me décourager, je m'évertuais à faire mes devoirs du mieux possible...

Ce jours là, le chef de ma milice m'annonça qu'un nouveau seigneur démoniaque avait prit la place d'un autre. Je lus les rapports et fut surpris de voir que c'était une femme. Lady Aozora... Je ne connaissais pas ce nom, mais rien d'étonnant la-dedans. L'ange m'apprit aussi qu'elle avait été repérée à l'auberge des trois mondes, en Atlantis. Il ne m'en fallut pas plus pour le congédier et prendre la liberté d'aller jusqu'aux écuries, sans même revêtir l'armure que m'avait lègué mon maître. Je portais donc celle qu'il m'avait offert quand je n'étais encore qu'un de ses Séraphins. J'ouvris le boxe de mon griffon et sans attendre, je le laissais décoller vers ma destination. Je ne savais trop bien pourquoi, mais j'étais curieux de connaître un peu plus cette démone qui semblait se donner des airs puritains alors que les démons étaient tout le contraire.

J'ouvris un passage et voilà que ma monture et moi-même survolions Atlantis, sa bibliothèque, sa forge, son arène... Des lieux qu'il me faudrait visiter un jour. Mon griffon commença à descendre lentement en décrivant des cercles au-dessus de l'auberge des 3 mondes. Quelques minutes plus tard j'étais à terre devant l'entrée de la dite auberge.

D'un mouvement de la tête, je remettais mes cheveux en place dans mon dos. Il vînrent se poser sur les plis de ma cape tout aussi argenté que mon armure. Je vérifiais que Justice était toujours bien accroché à ma ceinture, j'entrais dans le bâtiment. Les badeaux plus ou moins ivres s'écartèrent. Il y avait parmi eux des anges, des démons et des humains. Ils ne se tapaient pas encore dessus, mais cela ne saurait tarder... D'un regard glacial de mes yeux argents, les anges se figèrent, certains s'ageunouillèrent. Loin de moi l'idée de vouloir être adulé et craint, mais j'avais vite compris que sans un minimum de respect, le pouvoir que l'on exerçait se retournait un jour contre nous. Je pris une voix calme pour ne pas changer.

"A vos postes anges."

Ils ne se firent pas prier pour exécuter cet ordre. La plupart connaissait mon égard pour la discipline et les valeurs angéliques. Ils devaient déjà s'imaginer les pires punition que je puisse imaginer, mais à vrai dire je n'étais pas là pour eux. L'auberge vidée des anges, démons et humains reprirent de plus bel alors que l'aubergiste me regardais noir. Bien lui en face, mais aucun ange ne s'abaissera à se saouler en ma présence !

Je n'avais pas quitté l'entrée et de-là, je repérais une démone, sans nul doute de haut rang au vu de ses habits et de son comportement. Croyez le ou non, mais sans perdre plus de temps, je m'assis à sa table. Le plus décontracter possible, je posais mon regard sur elle et grava sa silhouette dans ma mémoire. Je préssentais que j'allais vite ne pas l'aimer, mais je ne m'attendais pas à autre chose de toute façon. Je voulais juste connaître mon ennemi, car en temps qu'archange, c'était à moi de combattre les seigneurs démoniaques sur un champ de bataille.

"On raconte beaucoup de choses sur vous Lady Aozora."

Je ne trouvais pas utile de me présenter ou d'user de plus formules de politesse. J'étais en face d'une démone et puissante en plus ! Je ne pouvais pas sentir ces créatures, donc je me trouvais déjà très poli ! Bien qu'étant loin de la politesse et de l'attitude que j'avais à l'accoutumée avec les humains et mes congénaires.

La serveuse hésitait à venir me voir, je l'ignorais le menton posé sur la paume, j'observais la tête haute les rares traits de lumières filtrant de derrière les rideaux de vilaines soie. Les ivrognes, les filles de joies et tout ce beau peuple mélangé dans un cocktail de plus imbuvable restait figé dans le bar, les conversations reprirent doucement par des chuchotis discrets et peu à peu l'ambiance sonore repris en volume, jusqu'à en devenir presque écrasante.
Un détail que je n'avais pas prévu vint troubler ce petit moment de détente que je m'octroyais sans réelle réflexion. Après tout pour avoir plein de mâles à mes pieds il me suffisait de me rendre au palace Descris. E là l'attention qui m'était soudainement portée par l'un des rares êtres qui était des plus hautement inintéressant à mon avis, venait de faire mouche.
L'ombre qui s'approcha de ma table s'installa sur le siège d'en face, je sentis l'odeur de l'ange à plein nez et bien qu'il soit vêtu comme un guerrier j'en voyais suffisamment pour apercevoir l'archange. Un rictus étira mes lèvres, je le regardais en coin, comme un insecte venu se poser là. Je n'avais nullement l'intention de lui adresser la parole, Atlantis étant un lieu neutre, je ne souhaitais pas y faire des siennes, son altesse démoniaque n'aurait certainement pas approuvé mon comportement...
Là où le bas blesse est que je lui piquerai bien son trône à cet incapable, mais bon, chaque chose en son temps.

Si les anges qui trainaient là ne s'étaient pas presque enfui sur ordre de ce seigneur angélique, j'aurai presque pu trouver autre chose à regarder de moins...lumineux -sachant que cela est une insulte selon le démon que je suis- et surement plus intéressant.
Les archanges, étaient de tout les anges les moins intéressant. Ils étaient souvent les plus "vertueux" d'entre eux et pourtant les pire, car leur péché n'était pas la gourmandise ou la colère comme les bas soldats, mais un défaut bien plus agaçant, moins bien maitrisable et pourtant conservant un charme dans son caractère exceptionnel. L'orgueil. Et celui là n'en manquait pas puisqu'il s'était invité à ma table sans même s'annoncer. Entre un ange et un démon c'était suffisant pour déclencher une guerre. Entre lui et moi c'était suffisant pour attiser ma curiosité et satisfaire son égo suridmensionner.

-Les racontards n'ont rien de merveilleux s'ils ne sont pas prononcés par la personne concernée. Hélas, ils le sont dans ce cas.

Je tournais lentement la tête vers lui, mon menton toujours négligemment posé sur ma paume.
J'appréciais vivement être redevenu le centre d'attention de cette salle bondée de démons et d'humains, et je perdais mon sourire alors que je me souvenais que ce type assis en face de moi s'était gentiment annoncé avec passion en entrant. Cela étant, les regards tournés vers nous n'étaient que pure curiosité craintive. Archange et seigneur n'ont pas l'habitude de s'assoir à la même table, c'était donc le signe, aux yeux de ces badauds puants, d'un/une traitre/sse dans l'un des camps, ou un début original pour une bataille dévastatrice.

Mon sourire revint lorsque je me souvenais d'une vieille règle qui animait chacun des moments passé en compagnie d'un ange. Un délicieux souvenir parlant de péché et de douleur. Mais aussi de peur.

-J'apprécie votre dévouement à venir me prévenir des rumeurs qui courent, archange, cependant...

Je marquais une pause. Le temps d'observer son apparence. D'un claquement de doigt je fis sursauter la serveuse, elle accourue à petits pas et le plateau contre son bassin s'inclina. La suite de ma phrase quasiment oublié je détournais mon attention vers cette jeune femme peureuse à souhait.
Mon plaisir ici était que je pouvais totalement ignorer sur le coup l'archange et ne même pas faire attention au respect dû à sa fonction -ou tout simplement à l'accord tacite d'Atlantis sur l'état pacifique du pays.

-Apportes-nous ton meilleur vin rouge. Je suis en noble compagnie.

Elle disparue en une fraction de seconde et laissant libre court à ma bonne humeur je continuais de monopoliser ce court temps de parole.

-Vous pourriez vous présenter. Je doute que vous ayez perdu l'usage de la parole et des convenances durant le temps qu'il vous a fallu à vous assoir. Soit ! Je ne me souviens pas avoir entendu parler d'un archange de tel que vous, pardonnez à un démon de ne pas s'intéresser plus que nécessaire aux choses insignifiantes. Mais, en même temps, j'apprécie votre audace et plus particulièrement votre arrogance.

Une guerre ?
Je ne me bats pas. Je découds et recompose des étoffes à longueur de temps, je ne manie aucune épée, c'est la seule raison pour laquelle j'ai besoin d'un combattant lors de mes sorties en ville humaine. Sans cela, je reste une cible facile dès que la surprise ne m'aide pas. Evidemment, mon pouvoir était d'une rare efficacité, mais ne me permettait pas de perdre mon temps à apprendre le maniement d'un bouclier et d'une épée... Un coup d'œil et j'observais celle de l'archange. Un guerrier sans équivoque.

Tout en finesse... c'est ce que je remarquais d'elle après ses quelques paroles et dans son attitude je voyais son dédain à mon égard. Toute démone qu'elle était, elle me rappela à la politesse. En bon ange je me devais de rectifier le tir face aux choses insignifiantes.

"C'est bien là ce qui nous démarque Lady. Nous, anges, nous interressons à l'insignifiant. C'est d'ailleurs la raison de ma visite."

La serveuse amena le vin demandé par la démone et en la regardant s'avancer, je vis que tous nous regardaient. Je leur souris délicatement en imaginant bien que l'un des saoulards de démons irait, tout content annoncer la traîtrise de celle qui m'accueillait à sa table. Pour elle, il était clair que le retour en enfer serait mouvementé. Pour moi... Je verrais bien, mais ma loyauté n'était pas à mettre en doute.

"Veuillez m'excuser de mon manque de civilités. Je me nomme Aëlion Lor'findel. Archange protecteur de la Foi, bras armé de mon roi et successeur de celui qui renvoya Satan en enfer, le grand Michaël."

La serveuse repartie en laissant une bouteille et deux verres pleins de vin. Je ne touchais pas le mien, laissant tout loisir à ma convive de prendre son saoul.

"Cela fait beaucoup de titre pour le simple ange que je suis. Puis-je me permettre de vous demandez ce que fait un seigneur démoniaque en dehors de ses terres ?"

Je ne relevais pas sa réflexion sur mon audace et mon arrogance, car s'il l'audace était bien présente, l'arrogance n'existait pas en moi. Peut-être viendrait-elle avec le temps et les batailles, mais j'en doutais fort. Effleurant du bouts des doigts le pommeau de Justice, je m'adossais au dossier de la chaise. En observant la démone, il paraîssait évident qu'elle n'avait jamais maniée une arme de sa vie. Ses mains délicates en témoignaient tout autant que ses bras trop fins et trop frêls. Elle devait être sans aucun doute d'une forte intelligence et posséder un pouvoir lui permettant d'éviter le combat. J'aurais préféré un guerrier sanguinaire, car une intelligence sans conscience était source d'un certain génie du mal. Cette démone semblait être un adversaire bien plus compliqué à combattre qu'un démon supérieur ordinaire. Je devrais m'en méfier probablement plus que les autres seigneurs... et bien que ni l'ambiance de cette taverne, ni la compagnie de cette dame damnée ne m'enchentaient, je devais en savoir un peu plus sur cette démone.

(dur dur de te répondre ce coup ci, j'ai fais de mon mieux)

Cette serveuse n'était décidément pas douée, je me penchais prenais la bouteille en main et versait le liquide plus promptement dans les verres. Le son médiocre du verre grossier grinça à mes oreilles, je laissais filer. J'aurai pu briser ces choses ou simplement profiter du verre que je tenais dans ma main. Le parfum âpre du vin, le sang spiritueux rougeoyait dans son écrin passablement lavé. Mais heureusement qu'il n'y avait que... non. Il n' avait pas que le verre qui clochait. La piquette qu'on nous avait servie était tout bonnement... immonde. Les premières notes passées le vin prenait un odeur amer et... vide.
Renversant mon poignet je renversais le verre directement sur le sol de bois vieillit. La serveuse devint livide, l'aubergiste m'observait perplexe.

-À l'évidence ma présence ne vous plait guère et je vous avoue si vous ne l'avez pas bien saisie, je suis dans le même cas. J'ai pourtant suffisamment d'intérêt à vos yeux pour susciter un déplacement. Je n'en aurai pas fais autant.

Je l'écoutais parler, ce présenter avec toute la prétention de sa race, toute l'insolence des êtres à plumes. Il n'était pas si complaisant après tout, juste trop orgueilleux pour se regarder lui-même. Un bon point qui me faisait sourire. Autant je détestais voir chez les démons des signes de faiblesses, autant chez les anges elles avaient le don de me rendre d'humeur festive. Mon verre encore penché vers le sol, je le laissais tomber sans plus d'effort. Je ne boirais pas ce vin. Mon compagnon de tablée semblait camper sur cette même position. Nous avions au moins un point commun, même s'il se nuançait. Il ne buvait pas et je ne buvais pas ça.

Posant mon coude sur la table, j'appuyais de nouveau mon menton sur ma paume, un sourire, un rire cristallin et je le dardait de mes yeux gris. Je n'appréciais pas sa présence mais son défaut plus particulièrement son potentiel démoniaque. Je le savais plus que quiconque, démon moi-même, personne n'est tout blanc. La lumière est bien trop capricieuse pour se laisser enfermer entière dans un être de chairs, plumes ou non.

-Je ne vous permet pas cette question, mais j'accepte d'y répondre.

Les apparences voulaient une réponse du genre. Il était plutôt mignon à poser de telles questions, depuis quand les anges viennent demander poliment aux démons ce qu'ils font hors de leur monde. Je crois me souvenir qu'habituellement ils le font en sortant les épées et les arcs... Intéressant.
Je me rendais compte qu'il prenait enfin de l'importance, non pas dans ce qu'il était, mais dans cette étonnante façon qu'il avait d'exister en cet instant. Au moment où il sortirait de cette auberge, il perdrait toute substance. Ma présence attisait ses instincts, elles attisait l'ombre. J'aimais être la source de ce sentiment, c'était peut-être pour ça que je ne torturais que peu... Et rarement des anges, la torture inhibe les désirs, elle rend à tout homme un état bestial, instinctif de survie qui n'a plus rien de joyeux ou d'intelligent, or, chaque défaut à besoin de l'intelligence pour survivre.

-Voyez-vous, alors qu'en enfer la lumière n'existe pas, que ce qui nous éclaire n'est pas lumière mais pénombre venimeuse, il y a au paradis une lumière si intense qu'elle en produit des ombres derrière vos palais, derrière vos corps et vos ailes. Mieux encore, à l'image de l'être humain que vous aimez tant, la Terre est une ombre, si l'on gratte sa surface la terre est noire, si l'on plonge sous l'eau, il n'existe plus aucune couleur. J'aime vérifier cela chaque jour qui passe. Car je sais qu'ainsi je ne craindrais jamais rien d'ange de votre... compétence.

Je failli l'insulter, je me retins à temps. Les injures sonnaient mal dans ma gorge et ne présentaient de moi qu'une forme d'hystérie. Je regardais la tâche sombre sur le bois moisi, j'y remarquais un moucheron y pataugeant, il n'y avait là qu'une marque de bassesse de ce monde humain. J'aurai voulu voir cet ange se lever, me menacer ou quoi que se soit d'autre. J'aurai aimé... Voir si mon pouvoir peut atteindre un archange.
Il y avait dans mon sourire un infime intérêt pour cet archange et là commençait le danger pour nous deux. Grisant.

-J'ai moi aussi une question. Depuis quand un archange se déplace-t-il dans une auberge pour se renseigner sur un démon ?

Ma question non pas dénuée de sens était plus de l'ordre de l'ironie. Si je le pouvais j'aurai fais mener une véritable boisson à cette table, cela étant impossible, je préférais garder au coin de mon champs de vision la jeune serveuse, si je ne pouvais avaler un spiritueux, je me nourrirai d'un liquide bien plus plaisant à obtenir. Plus tard, lorsque mon non-invité aura quitté ma table. Je n'avais pas envie qu'il vienne gâcher mon plaisir.

Il y avait quelque chose qui me dérangeais chez cette démone. Un détail que je ne savais décrire. Tout en elle suintait la fourberie et le mal. Tout... Cependant, elle savait capter mon attention là où d'autres démons me seraient indiférents... Je la laissais vider son verre d'une façon plus qu'originale, et de m'exposer la raison de sa venue. Je souris et dû retenir un rire. Elle avait de la répartie et une verve tranchante. Bien plus que l'ensemble de son... espèce.

Quand elle me demanda pourquoi me je m'étais déplacer, je me dis qu'il fallait que je lui rende la pareil. Je m'appuyais sur la table avec mes avants-bras et ne stoppant pas mon geste alors qu'elle me souriait qui pourtant me rendait perplexe et surpris, je pris lentement la parole.

"Il est certe peu commun qu'un ange se déplace pour un démon... Cependant je ne pense pas être un ange très commun, malgré mon parcours plus que banal. Non, cette situation n'est pas banale... Je voulais vous rencontrer par curiosité et pour le plaisir de voir que même en enfer il y a des beautés angéliques."

J'esquissais un sourire moqueur. Tout d'un coup, un frisson partit de ma nuque pour descendre le long de mon dos... Signe que j'étais la cible d'une magie puissante. Je ne pouvais en dire plus car je ne sentais pas ses effets et ne les sentirais jamais. Cependant, je ne doutais pas que celle qui était en face de moi en était la responsable...

"De plus j'aime partagé les avis et les visions de chacun, et la vôtre est... interressante. Je vois ça d'un autre oeil. L'ombre que vous chérrissez tant ne fait que suivre son maître, la Terre noire est sans cesse fouler par des millions de pieds. En conséquent, les démons en dehors de l'enfer ne sont rien d'autre que des esclaves. Désormais je foulerais la Terre avec l'idée que je vous marche dessus et cela me plait assez je dois dire. Les démons ont toujours étés inférieurs aux anges, sans nous vous n'êtes rien, alors que nous pouvons nous passer de vous. D'ailleurs cette magnifique joyerie que vous porter à votre cou en est la preuve. Elle brille d'une lumière qui jamais ne s'éteint. Signe de votre dépendance millénaire. J'aime vérifier cela chaque jour qui passe."

Je me radossais à la chaise, un franc sourire de victoire aux lèvres. Je n'étais peut-être pas tout blanc, mais elle ne serait jamais toute noire et un jour ou l'autre elle le découvrirait. Mais pour l'instant elle semblait plus attirée par le cou de la serveuse. Une innocente que je ne pouvais laisser aux canines de cette démone. D'un signe de main je l'appelais et elle arriva sans tarder malgré la peur que lui inspirait la Lady. Elle se pencha et je lui chuchotais à l'oreille.

"Aspergez-vous le corps d'eau bénite dans les plus bref délais. C'est un conseil que je vous donne, libre à vous de le suivre ou non."

Elle me regarda bizarrement et repartie en lançant successivement de regards en coin à la démone et à moi. J'espèrais qu'elle m'écoute, mais ce n'étais pas à moi de faire ses choix. Je me tournais de nouveau vers mon hôte et lui souris de nouveau mais cette fois un sourir d'intéret. J'étais curieux et un peu impatient de voir comment elle réagirait.

(j'ai presque eu envie de te renvoyer la balle, mais mieux vaut faire avancer le rp sinon demain c'est la guerre ouverte...Et on est que 3 ! XD)

Le verdict restait que je n'aurais pas dû verser le vin sur le parquet. Il m'aurait alors resté deux solution, l'avaler en espérant qu'il passe mal pour ne pas entendre la suite ou le lui jeter au visage. Ne venait-il pas d'insulter une dame ? Manquait-il de manière à ce point ?
Alors comme ça son plaisir résidait dans le fait de me rencontrer, soit, je suis belle, n'allons pas le cacher, mais...angélique ? Ai-je l'air d'un ange, je ne porte aucune aile en public -certes je reste un démon- ni aucune plume, et mes canines sont suffisamment visibles je trouve... Je ne tolèrerai pas plus encore qu'il m'insulte de la sorte.
Il me fallut plusieurs seconde avant que je ne me calme. L'explosion intérieur n'aurait dû être suivie que de lui qui aurait pu voir mes canines presser légèrement sur mes lèvres alors que je restais de marbre. Il fallu que je décompte douze fois cinq afin de ne pas me lever, le gifler ou sortir sans plus de chiffoneries.
Ce n'était que cela au final, des chamailleries qui s'éternisaient entre un ange et un démon qui n'avaient en réalité rien d'autre à faire.

Mieux valait ne pas répondre, cette conversation risquait de s'éterniser outre mesure. Je m'écartais de la table et appuyais mon dos à la chaise.

-Vous vous trompez. Une brillance n'est pas lumière mais perfidie démoniaque. Mais dites-moi, vous qui êtes les enfants de la lumière de Dieu, vous êtes tout aussi dépendant que nous. Pensez-vous que vous êtes indispensable à Ses yeux ? Si les démons sont des esclaves je me ferai un plaisir de transformer le vôtres en compagnon à quatre pattes. Car après tout le sol est notre territoire, nous pouvons le dérober à vos pas.

L'allusion de l'interpendance entre ange et démons se faisait presque inévitable. Une nausée me pris à la gorge alors que cette idée germait dans mon esprit. Dépendre de la lumière des anges alors qu'il dépendait du sol qui nous appartenait de droit. Horrible pensées. Je les chassais de mon esprit avant même qu'elles ne fleurissent.
Ce que je vis par la suite eut l'effet d'une mauvaise plaisanterie bien dans les cordes d'un ange. La vilainie n'est donc pas l'apanage des démons.
Si la serveuse se pencha pour écouter les dires de l'archange je compris plutôt rapidement ce qu'il insinuait sans même l'entendre moi-même, la peur grandissante, l'inquiétude gîsant dans le sang de cette femme m'écoeura. Il voulait que je perde mon sang-froid, soit.

-Je remarque que les anges ont aussi leurs vices en vous regardant agir. Il est certain que je n'ai pas tout à fait tort ici.

Un clin d'oeil, j'appréciais vraiment la tournure de cette discussion. Que les hommes de l'auberge fuyaient petit à petit ne me gênait pas, démon ou humain, ils n'avaient strictement aucune valeur. Cependant dans cette auberge il restait cet ange qui m'apportait enfin un peu de distraction. Allons bon, je ne pouvais me mettre en colère de suite et gâcher ce bon moment, je me devais au contraire de lui laisser la gloire de son affirmation, qui n'était pas dénuée de sens mais bien trop abstraite.
Je me permis de regarder ailleurs, d'observer le mauvais gout du tavernier en matière de décoration et de ménage, j'abandonnais une fois encore l'attention de mon interlocuteur. Mes réflexions me poussaient à ne pas lui laisser croire qu'il avait une quelconque valeur à mes yeux. Les anges ne sont que des jouets.
Tous ne sont que des objets que l'on peut utiliser et jeter, que l'on peut sacrifier pour en créer d'autres. Je le ferai, je n'ai encore jamais essayé de changer un ange. Un jour, je m'occuperai de ce détail. Une petite expérience qui me changera les idées par la suite. (tu viens de condamner un ange tu t'en rends compte !?)

-C'est une bien mauvaise journée que voilà. J'ai espéré, honte à moi, que vous soyez plus intéressant que vos pairs, je crois m'être trompé. Voyez-vous comment vous venez de me faire perdre on dîner. Je me rabattrais sur les rares sentinelles blanches qui ont été envoyées dans mon domaine.

Je fis une courte pause.

-Vous n'êtes peut-être pas au courant, mais Raphaël s'amuse à surveiller les enfers de l'intérieur, autant le ménage peut être distrayant les premières minutes, autant devoir se charger soi-même d'une dizaine de vos subordonnés devient très vite épuisant.

Le verre posé sur la table, j'appliquais mon doigt sur le bord et le fit glisser sur les reste humide du spiritueux. Une plainte légère se fit entendre. Je ne me souvenais pas du nombre d'ange mal dissimulés que j'avais pu rencontrer dans la ville proche du domaine. Je crois qu'il était deux, peut-être trois avec l'humaine qui les accompagnait. S'en était presque triste de les voir se jeter dans le vide ainsi.

*Un saut de l'ange*

Si mes hommes ne les ont pas capturés je le ferai à mon retour, puisque je ne pouvais déjeuner en paix ce midi, je dînerai en charmante compagnie lumineuse ce soir même.

Un rire accompagna la réplique de la démone. Le mien... et sans tarder je la taquinais encore une peu.

"C'est bien pour cela que nous volons ! Ceci dit, ombre et lumière ne peuvent exister l'une sans l'autre..."

Un franc sourire, d'amertume devant l'ironie de la situation. La preuve était faite depuis des millers d'années que démons et anges ne pouvaient survivrent les uns sans les autres. J'acceptais cela, malgré le fait que cette guerre fasse des millions de morts depuis la nuit des temps. Je n'aspirais qu'à la paix et à la survie d'Eden. Je la laissais continuer en paix. Se plaindre... c'est tout ce qu'elle fit. Se plaindre de son déjeuner qui partait, de sa journée... A ceci, je ne prêtais guère d'attention. Au contraire de son clin d'oeil... Cette démone était vraiment peu commune. Sourire et faire de l'oeil à un ange dans la même discussion était pour le moins étonnant. Et alors qu'elle portait son regard ailleurs, le frisson qui me parcourut l'échine n'était pas fait de magie.

Je me raidis un peu quand elle aborda le problème des sentinelles de Raphaël. Oui, pour moi, il s'agissait d'un problème. Les anges envoyés en enfers étaient souvent des pensionnaires de la prison d'Eden, des rebelles, des déchus avides de retrouver grâce aux yeux de leurs frères célèstes, la punition infligée par Raphaël était immonde ! Rien ne vallait la peine d'envoyer un ange isolé en enfer, rien ! Pour cela, je n'étais pas en très bon termes avec Raphaël. Nous ne sommes pas ennemis, mais nous ne sommes pas amis... Des relations qui s'arrêtent au strict minimum. Mais il sert mon roi, tout comme moi, alors je fais rien pour aider ces malheureux. Je n'en suis pas fier, mais les ordres sont les ordres et j'ai prêté serment aux cieux.

"Oui, je suis au courant."

Je me détendis un peu et fixai dans les yeux cette femme fatale dont la beauté n'égalait que sa malignité. Je ne pouvais dire à ce moment si lequel des deux m'atteignais le plus, mais il était clair qu'elle ne me laissait pas indifférent. J'étais curieux, plus qu'à l'ordinaire encore. J'aurais put tirer l'épée et ôter la vie à cette démone, mais jamais je ne m'abaisserait au niveau des assassins. La vie pour moi était sacrée et je ne la prenais qu'en dernier recours. Pourquoi ? Pourquoi étais-je là ? Je jouais avec un feu que je n'étais pas sûr de contrôler. Cela en valait-il la peine ? Oui, je crois que oui. J'avais le pressentiment que cette démone serait une menace bien plus grande que tous les seigneurs démons réunis. Je sentais le danger pour Eden. Une fois sortis d'ici, je prendrais les devants pour contrer cette menace plus ou moins imminente, mais pour le moment je devais être focalisé sur le présent.

"Soyez assuré que je compatis à votre détresse. Dieu seul sait à quel point il est difficile pour un démon d'attrapper un ange !"

Un petit sourire amusé sur mes lèvres alors que mes yeux essayaient de pénétrer les siens. Je commençais à cerner le personnage, mais il me fallait aller plus loin encore... Il fallait que j'entre dans les abysses empruntes de malice de son esprit. Il le fallait pour Eden ! Mais était-ce la seule raison ?

La confession serait longue...

"Nous n'avons pas ce problème à Eden. Je gage que vos démons envoyés vous ont tous étés rendus en plus ou moins bon état."

Adossé à mon siège, cette phrase que je venais de pronnoncer n'était pas tant une affirmation qu'une certitude. J'étais le chef de la milice célèste et les démons ignorait même jusqu'à son existance. Pourtant, ces anges à mon service étaient légions ! Rien, et cela n'est pas exagération, rien ne se passait dans la capitale sans qu'ils le voit et que j'en soit à terme au courant. Pour les autres provinces, je ne montrerais pas aussi catégorique, mais les secrets des cieux étaient tous à Eden. La milice repérait les démons et mes gardes les jetaient or du paradis. Morts ou en bonne santé, tout dépendait de leur coopération lors de l'interrogatoire. Toute haine que les démons portaient envers nous autres anges, ils parlaient très vite et souvent assez pour préserver leur santé. Surtout s'il ne détenaient aucune information, ce qui était très souvent le cas. Comme Raphaël envoyait les rebus de la société angélique en enfer, les démons espions étaient de la même trempe.

Je regardais Dorinne et pour la première fois de ma vie, je pensais que le démon en face de moi pourrait apporter aux démons ce qui leur manquait crucialement : l'ordre et la discipline. Potentielement le plus dangereux pour Eden comme la plus grande chance de paix. Je me rendis aussi compte d'une chose. Eden qui marchait jusqu'ici sur une avenue de marbre serait peut-être bientôt contrainte à se risquer sur le fil tranchant d'une épée...

(comme d'hab' je me corrige pas tant pis...depuis le temps tu dois avoir l'habitude de mes fautes...quand on pense que je pourrai les corriger XD...)

Mon rire cristallin éclata dans la pièce, si les regards des rares clients encore présents se tournèrent vers moi avec crainte, je ne pouvais m'empêcher de rire. Cet archange avait du culot, un extraordinaire toupet qui ne me laissait pas indifférente. Il répondait du tac-o-tac et si l'instant d'avant ses manières m'agaçaient, le suivant je commençais presque à le trouver charmant. L'ironie de la situation résidait dans mon caractère démoniaque... Que dirait-on au Paradis si les démons se mettaient à apprécier les anges. Il n'y avait là rien de bien grave hormis le risque d'une soulevée angélique...
Ce rire était le symbole même de la gourmandise et de la vanité, quiconque rit est un être qui se permet de savourer un sentiment de bien-être qu'il ne partage aux autres que pour se sentir supérieur à eux, dans ce même sentiment. Pure avarice.

-Des démons au paradis ? Vous pouvez les garder cela me fait une belle jambe que des seigneurs soient suffisamment stupide pour s'intéresser aux cieux. Il n'y a là que bien peu de choses qui pourraient nous être utile. Certes sans cela nous ne saurions pas qu'au même titre que les moineau les neurones angéliques ne dépassent pas l'encombrement d'une cacahouète, mais voyez-vous, je doute bien que cela change quoique se soit à mon opinion sur vous et vos...compagnons de nid.

Lentement mon rire s'estompa. Mes ancêtres se retourneraient dans leur tombe en sachant que je ris aux côtés d'un ange. Je pourrai justifier qu'il ne s'agit là que d'une rencontre fortuite et qu'il n'y a entre nous qu'un léger fil de conversation à peu près pacifique sans plus ni moins, mais je ne serais jamais plus dans le faux. Bien la première fois que j'apprécie discuter avec quelqu'un d'autre que mon premier lieutenant. Il faut le dire des hommes avec des neurones placé plus haut que leur ceinture ça ne se rencontrait plus énormément ces derniers temps. Je sais de quoi je parle, deux siècles d'observation pour le prouver.
Reprenant mes esprits je continuais. S'il cherchait à m'énerver je n'avais qu'à libérer ma colère sous une forme qu'il aurait du mal à maîtriser. Peu encline à déclenche des mufleries générale c'est-à-dire des bagarres obsolètes, je préférai une méthode bien plus insidieuse.

-Ne cherchez pas à m'énerver, il en faut bien plus pour me contraindre à une véritable colère.

Celle-ci, je l'évacuais à ma façon. Mon pouvoir, s'il n'avait pas effet sur l'archange, avait un effet plus que dévastateur sur les humains présents dans la salle. Je repérais un lumineux du coin de l'oeil, il serait ma première cible. Il m'aura fallu une seconde pour déclencher le conflit entre ce dernier et son voisin - un jeune démon volage si je ne me trompe pas - un verre renversé, une regard échangé et les deux hommes sortaient dehors. Cette foutue règle interdisant les combats en Atlantis ne s'appliquait plus sur Terre, le voyage sera court pour ces deux là et ma colère n'existe déjà plus.

Je passais sue l'évènement qui ne dura que quelques secondes et observais avec intérêt mon vis à vis. Aëlion semblait imperméable à ma magie. Un imperceptible frisson l'instant d'avant, une lueur étonnante dans son regard, son aura. C'était donc cet archange là. Si j'avais entendu parlé de lui lors des conciles seigneuriaux, je n'avais pas pris la peine de retenir son nom. On avait mentionné tant "d'ennemi" des Enfers ce jour là que seules leurs capacités m'étaient resté en mémoire, leur nom n'ayant strictement aucune importance. Lui était l'anti-magie. Un Archange protégé intégralement contre toute forme de magie, une machine à tuer du démon avec son épée et sa massue... Un soldat haut gradé en somme. Il n'avait rien du magicien, je conclus facilement à une magie originaire, une compétence en lui. Pas d'artéfact particulier qui lui offre ce formidable avantage.
Philosopher sur son pouvoir n'était pas vraiment d'une grande utilité, pas pour le moment. Une moitié des mes forces n'avaient donc aucun effet sur lui, et il était clair que je ne ferai pas le poids dans un duel, il me restait une dernière solution, attiser ses émotions.

Les humains classent les pouvoirs en 7 catégories, les hauts péchés que Dante repris dans son poème de la Divine Comédie, quant à moi, j'observais chez l'être vivant une montagne bien plus vastes de péchés, l'hypocrisie au delà de l'orgueil, le sadisme au delà de la luxure, la cruauté au delà de la colère... Et bien d'autres encore. Il me suffisait d'attendre, de chercher ce qui chez cet ange, qui semblait trop angélique pour l'être réellement, la faille de sa muraille.

-Une si épaisse armure, une carapace bien pesante, peut-être cachez-vous autre chose que le corps d'un ange là dessous ?

Plus qu'une question c'était une affirmation. Je conservais ce sourire qui était si rare chez moi, lui offrant une opportunité unique de rencontrer un véritable démon.

Une chose était sûre et de plus en plus évidente... Cette démone aimait s'écouter parler et la vanité autant que l'orgueil suintait de ses mots et ce son pur qui sortait de ses rires. Je ne relevais pas son rapprochement entre les anges et les moineaux et regarda deux hommes se lever visiblement prêt à en débattre. Je soupçonnais mon hôte d'en être à l'origine mais, n'ayant aucune preuve pour le moment, je préférais ne rien dire. Je ne voulais pas avancer mes pions trop vite, porter des jugements hâtifs. Je restais néanmoins sur mes gardes. Cette discussion prenait de plus en plus la tournure d'un champ de bataille. Chacun essayant de percer les lignes adverses... Très bien, j'étais dans mon élément. J'étais taillé pour la guerre et la stratégie militaire, pas pour la politique et la manipulation.

Je reportais mon attention sur Aozora alors que calmement elle me souffla de ne pas chercher à l'énerver. Ce à quoi je fus contraint d'obtempérer.

"Il serait en effet bien impoli de ma part d'énerver une telle beauté d'Eden."

L'énerver... Oui, je voulais l'énerver. La voir folle de rage, car la colère abaisse les défenses et fait apparaître les faiblesses. Je doutais d'y arriver mais il ne me coûtait rien d'essayer. Et puis il serait malvenue que j'obéisse à une démone, aussi belle soit-elle. Car belle est était, je devais l'admettre et je le faisais sans rechigner. Mes yeux d'argent liquide préféraient voir une belle femme qu’une peau rouge avec des cornes. Alors qu'elle semblait ressasser des souvenirs, je fis moi-même le compte de ce que je tenais pour sûr concernant mon interlocutrice.
Elle était arrogante, vaniteuse et orgueilleuse. Rien de bien différent des autres seigneurs démoniaques. Cependant, elle était bien plus retord encore. Fourbe et intelligente, une bien dangereuse combinaison surtout quand elle n'était soumise à aucun scrupules. Elle ne pouvait éprouver de scrupules, cela se voyait partout en elle. Sa façon de parler, de se vêtir, de se mouvoir...

Je ne savais pas si elle réagit à ma pique ou simplement si elle suivait son cheminement, mais elle en vînt à mon armure et à ce qu'elle cachait. Ma foi, je n'y avais jamais réfléchis ! Elle était à prime abord mon habit quotidien. J'avais l'habitude de la porter tout comme un humain porte des pantalons et des chaussures. Cependant en y regardant de plus prêt, elle était un souvenir... un souvenir d'une époque où je ne prenais pas les décisions importante, une époque où j'avais un maître et un ami, une époque révolue avec sa mort. La logique aurait voulu que j'éprouve du chagrin, de la nostalgie ou du regret, mais rien de tout cela ne m'habitait. J'avais pleuré mon maître et achevé mon deuil. Non, cette armure ne cachait rien d'autre qu'un grand nombre de cicatrices.

Je souris à la démone. J'étais content de voir qu'en moi-même, il n'y avait aucune faille qu'elle pourrait exploiter. Enfin pas dans cette partie de mon âme. Je vous l'ai dis, je me doutais de son pouvoir et je me demandais si mon immunité à la magie me serait utile ici. Pour la première fois peut-être, j'étais sans défense face à un pouvoir mais cela ne me faisait pas peur. La peur fausse le jugement quand elle est votre ennemie. J'aurais tout le temps d'avoir peur si la situation s'aggravait, mais j'étais prêt à affronter n'importe quel adversaire, y compris moi-même. La peur j'en ferais mon alliée, comme à chaque fois qu'elle avait surgit en moi.

"Je crains fort pour vous que la seule chose que défende cette armure en dehors de mon corps soit les idéaux de ma patrie."

Je ne doutais pas qu'elle revienne à la charge sur d'autres points jusqu'à trouver la faille. J'espérais trouver la sienne avant et l'exploiter le moment venu...

"Mais vous... que cachez-vous derrière cette attitude. Serait-ce de la fragilité ?"

Plus qu'une question c'était une affirmation. Je conservais ce sourire qui était si présent chez moi, lui offrant une opportunité unique de rencontrer un véritable ange.

Je savais qu'elle n'admettrait jamais qu'elle soit fragile, mais plus l'arrogance était prononcée, plus la fragilité était grande. Il y avait bien des aspects à cette fragilité. Le corps... l'esprit... Je ne pensais pas qu'elle soit de ceux là, mais peut-être bien face à l'oublie et à l'anonymat. Les seigneurs démons vivaient dans le luxe et l'opulence et les rapports ne dérogeaient pas de cette règle concernant la Lady. Or le faste et le spectaculaire ne servent qu'à marquer les esprits pour repousser l'oubli, or le moyen qu'elle avait eut d'atteindre son titre était des plus spectaculaire. Je gardais cet atout pour plus tard et repoussait l'idée que je résonnais comme un politicien en même temps qu'une mèche de cheveux tombée sur mon visage.

Et il remettait ça, j'avais presque l'envie de l'appeler grand-père, le pauvre radotait un peu trop pour moi. Les croûlants en Enfers ne faisaient jamais long feu, sauf bien sûr cas extrême d'un papy plus puissant que la majorité de ses sujets, et là ça faisait déjà un enfer plus calme. La chance fit qu'il n'y en eut qu'un seul de la sorte au pouvoir. Une autre chance fait qu'aujourd'hui l'incapable qui règne aux Enfers est ma première cible avant même cet archange qui me fait limite du charme.
L'ennui recommençait à récupérer du terrain dans ma motivation quotidienne, la conversation n'apportait encore rien qui puisse attiser autre sentiment en moi, à part peut-être cette étrange question. Je me fichais royalement de ce que cachait son armure, changer de conversation n'était qu'un tour diplomatique afin d'éloigner la conversation de la rivalité ange-démon. N'oublions pas qu'une telle discussion entre un ange et un démon de rang équivalent cela pouvait tourné au massacre ; et je n'avais pas envie de salir mes gants.
Il restait cette soi-disante fragilité qu'il supposait.

Non je n'étais pas fragile, mon manque d'humilité n'avait d'égale que mon indifférence à tout. J'avais vécu 200 ans sans jamais avoir un quelconque besoin de reconnaissance, je vis aujourd'hui encore éloigné dans le désert et ma volonté peut me faire disparaitre sans un cri comme une tempête s'estompe brusquement. Il n'y avait aucune fragilité en moi, à part cette aversion du combat en duel. Verser le sang d'un adversaire type, d'un seul être totalement défini face à soi n'avait rien de beau ni de grisant. Le mieux, le rare plaisir que me procurait ma position était la levé du ban.
Réunir mille démons et les lancer brusquement sur une armée terrorisée, à cet instant précis l'on peut décompter avec exactitude ce qu'est son pouvoir réel. Je pourrai faire ce que je veux que mes manipulations psychiques et magiques n'iraient pas bien loin dans un duel, la surprise pouvant m'aider, la faiblesse ou l'arrogance de mon adversaire aussi ; la stratégie militaire étant là un point bien plus fort de mes compétences. Non je n'étais pas fragile, mon esprit rebutait la douleur et ne la sentait plus, mon coeur éructait tout sentiment inutile, l'impossible encombrement de ma personnalité faisait de moi une femme incisive, indifférente.

-Fragile ?

L'étonnement était lisible sur mes traits. Je reculais dans mon dossier observant l'archange. Il me fallait comprendre pourquoi cet ange me pensait fragile pour lui répondre, je ne pouvais pas vraiment me tromper sur ce coup.

-Je vois, alors toute personne ne faisant pas preuve d'humilité est fragile, c'est cela votre raisonnement ? Mais dites-moi, vous vous pavanez armé et armuré de la tête au pied, présentant votre aura de force archangélique sans bouclier, et c'est moi qui suis fragile ? Laissez moi rire.

Je fis une légère pause, je voulais voir ses yeux.

-Il n'y aucune fragilité en moi. Pas de celles qui vous intéressent.

C'est en fait une bonne question. En quoi une femme est-elle forcément fragile ? En tout et en rien. Je n'étais pas comme les autres. Sans cœur ni attachement, ma seule fragilité résidait dans mon ambition. Être fragile c'est ne pouvoir parer au risque créé par les diverses situations qui nous entourent, alors j'étais fragile parce que je pouvais être exécuté par ce roi démon qui, j'en suis sûr, se doute de mes projets personnels. Je ne souhaite pas être reine, trop d'engagements et trop de risques inutiles pour un pouvoir désagrégé, je voulais être premier seigneur des Enfers. Et c'est là que résidait l'unique danger auquel je ne pouvais paré. Le reste que se soit des archange, des hommes, des dragons et des déserts, il n'y avait rien qui me fasse plier l'échine.

Un coude sur la table, je délassais lentement le nœud de dentelles. Mon sourire toujours imprimé sur mes lèvres, je repris cette conversation, du moins je marmonnais plus pour moi-même que pour mon interlocuteur. Je laissais mes pensées dériver à leur façon, dans des réflexion reposantes avant de devoir entamer quelconque autres raisonnement discordant et distordant.

-Les ideaux sont des fragilités. Mais j'avance en terrain miné. Ce cher Michael en a mis du temps à mourir, depuis le temps que des bataillons de démons espéraient le voir en poussière. Je suis tout de même étonné qu'il est choisi si simplement son successeur. À la limite de la sénilité, ce pauvre archange en a vu de belles ces derniers siècles.

J'avais cet air dans la tête, un fredonnement léger et agréable, une mélodie simplette d'un carillon de guerre.

Elle parût étonné de ma question, avant d'y répondre par une autre. Elle me fixa droit dans les yeux. Ceux là même qui ne me trahiraient jamais. S'il était possible de lire certaines émotions dans les yeux de certains, les miens étaient pour cela indéchiffrables. Non que je sois indifférent à tout, mais l'intérieur de mes pupiles n'étant pas stable, lire dedans relevais du miracle. Toujours en mouvement, voilà ce qui caractérisait l'argent de mes yeux.

Elle reprit, mais ce qu'elle disait ne m'interraissait pas. Je pris la liberté de l'ignorer et de regarder un peu la foule et la taverne en elle-même. C'était troublant de voir à quel point tous oublaient la guerre quand ils le pouvaient. Aucun humain ne voulait se battre et depuis que les anges étaient partis, les démons s'étaient calmés. Je croisais le regard de plusieurs hommes et femmes. Tantôt emprunts d'étonnement, de curiosité, de méfiance, d'intérêt ou de désintérêt. La taverne quand à elle n'était pas ce qu'il se faisait de plus luxueux, elle était même un peu vétuste, mais néanmoins correcte pour ce qu'on venait y faire. Cette paix relative fit ressurgir une autre évidence à propos de ma convive. Elle détournait la conversation à chaque fois que j'abordais les relations anges/démons.

J'allais la provoquer sur ce sujet quand elle frappa là où ça faisait mal. Finalement, elle avait trouvé une de mes faiblesses avant moi. Je gardais le silence alors qu'elle se moquait ouvertement de mon défunt maître et ami. Ma mâchoire se crispa l'espace d'un instant pour évacuer la colère qui montait en moi. Je ne devais pas me laisser prendre à son jeu. Je ne le pouvais, plus encore si mes soupçons sur ses pouvoirs étaient fondés. L'affront étant néanmoins conséquent je devais réagir.

"Pardonnez moi, mais qu'est-ce que les démons savent des idéaux ? La fragilité d'un idéal ne réside que dans la propre faiblesse de celui qui le porte. Quand à Michaël, je me réjouit en pensant qu'il est été tant craint dans vos rangs. Il est vrai que beaucoup de vos bataillons ont espérés le voir mort, mais bien plus l'ont vus bel et bien vivant avant de mourir eux-mêmes, et ceci en en faisant voir de toutes les couleurs à Satant et à votre empereur."

Il n'y avait pas eut de changement dans ma voix par rapport à toutes mes précédentes paroles, pourtant celles-ci me touchaient de près et il n'aurait pas fallu beaucoup plus de la part de cette démone pour que Justice aille lui couper la tête. Mais deux choses m'avait retenues. D'une part, le respect et l'amour que j'avais pour Michaël. D'autre part, la certitude que Dorinne n'attendait qu'une chose : que je lance les hostilités.

Plutôt que de ravire Lady Aozora, je pris sur moi pour me calmer et retrouver ma sérénité habituelle. Cette démone était forte, très forte dans la maniement des mots. Elle constituait un excellent modèle de perfidie. Modèle qu'il me restait à suivre en cette situation qui ne plaisait guère. Je devais réorienter le dialogue sur autre chose. Un terrain qu'elle ne maîtrisait pas. Appuyant mes avant-bras sur la table, mon visage exprimant l'ironie quelque peu piquante de la situation. Un archange utilisant les techniques d'un seigneur démon...

"Vous dites que vous n'êtes pas fragile... Je vous crois. Il n'y a donc en vous aucun besoin de reconnaissance, ni que l'on vous reconnaisse, soit."

J'esquissais un léger sourire taquin en prévision de mes prochaine paroles. Nulle doute qu'elles allaient surprendre mon interlocutrice. Elle n'admettait déjà pas la dépendance anges/démons, alors l'idée que j'allais lancer...

"Une femme forte comme vous pourrait donc tout à fait être en mesure de faire ce qu'aucun démon avant elle n'a eut le courage de faire... Que diriez-vous de signer un traité de paix et mettre fin à cette guerre ?"

Le silence se fut immédiatement dans la salle. Il n'y avait plus un seul bruit et tous les regards étaient tournés vers nous. Que pensait l'assemblée d'humains et de démons ? J'imaginais aisément qu'il y avait plus d'un avis, mais ce que j'attendais c'était la réponse et la réaction de la démone.

"Si nous pouvons nous taper dessus, nous pouvons très bien cohabiter pacifiquement."

Il était fort probable qu'elle me dise qu'elle ne détenait pas le pouvoir de signer la paix entre nos deux peuples et que moi non plus d'ailleurs, mais là n'était pas le but de cette demande. Je savais que cette guerre continuerait pendant des siècles encore, sauf si... sauf si des anges et des démon osaient accepter l'autre. Je fixais Aozora, sans que rien ne transparaisse sur mon visage. J'espérais l'avoir déstabiliser ne serait-ce qu'un peu. Dans tout les cas, sa réponse serait intéressante...

Cette conversation n'avait que trop duré, des piques, voilà les seuls enfantillages que je recevais de la part de cet archange depuis plusieurs minutes à présent. Certes il ne manquait pas de jugeote, mais l'ironie, la moquerie lui allait mal. J'attendais de lui un peu de rhétorique que de frivolités. Il semblait vouloir imiter certaines de mes attitudes, détournant la tête, posant ses coudes sur la table. Soit, je ne pouvais vraiment perdre à ce jeu, et puis... Perdre quoi ? Il n'y avait rien qu'il puisse me prendre, et hostile ou non, ennemi ou pas, je n'avais guère plus de patience à lui accorder.

La réponse à mes pensées pour Michaël ne se firent que peu attendre. Je le savais sa fierté d'ange et d'ancien serviteur de l'ange supérieur qu'était le vieux lieutenant de Dieux était vivace en lui, bien qu'inexistante physiquement. Une réponse clair, une pique, encore. Je soupirais. Je m'agaçais de ce manque de profondeur. Un débat ne me tentait pas, mais un match de tennis me tentait encore moins. L'ennui qui en découle n'était ni gratifiant, ni intéressant.
Michael. Le seul archange pour qui j'ai un tant soit peu de respect. Il était puissant, s'était fait respecté de bien des créatures qu'elles soient célestes ou infernales. Dommage qu'il soit partit si tôt, le rencontrer aurait été, il est fort possible, un évènement mémorable ! Je devais me contenter de son successeur et de ces nouvelles têtes qui pullulaient au Paradis... Pauvre monde lumineux, il en voyait des mauvaises depuis quelques temps... (XD ah ah ah ! et pan dans les dents !).

-Cessez ce jeu, Aëlion. Je commence à perdre patience.

Si la sienne pouvait durer, mon caractère ne me dôtait pas d'une immense volonté pacifique. Un mot de trop et je quitterai l'endroit sans plus attendre.

-La paix ? La paix n'apporte rien. Du moins, elle n'est pas rentable pour moi aujourd'hui. Alors je n'en veux pas. La situation m'avantage encore.

En y réfléchissant, j'ai le pouvoir d'en finir avec cette guerre. Seigneur démoniaque, l'une des rares a posséder encore un peu de pouvoir aux Enfers, sans compter qu'en cas de signature d'un traité de paix, j'attendrais évidemment l'assistance des anges pour pacifier les enfers. Une conquête pure et simple pour tout dire. L'idée pouvait être plaisante mais la fin ne justifiais pas une envie de paix. Aucune finalité positive pour moi, il n'y avait dans cette solution rien qui puisse m'intéresser.

-J'ai le pouvoir de pacifier les enfers, je pourrai fournir aux anges des dragons et démons entrainés dans les plus rudes conditions, hélas, la paix ne me tente pas.

Les enfers vont mal. Et Cela me convient. Je n'y changerai rien. Si un jour les temps changent et que la paix soit une solution, j'y penserai, mais la guerre est d'autant plus amusante qu'elle me rapporte.

-Cependant, la guerre me plait. Les troupes réunies sous mes ordres sont prêtes à combattre et j'attends le jour où coulera le sang. Et mes prérogatives me donnent la capacité d'éventrer vos rangs, aussi bien que ceux de mes congénères.

Une dernière raison me poussait, ou plutôt insinuait dès le début que j'allais refusé.

-Dieu et Satan ont quitté l'Univers en annonçant qu'ils ne reviendraient que lorsque l'un des peuple aura établit sa souveraineté. Je suis une démone, je lutterai pour que les démons soient les souverains de l'Univers, une simple raison théologique. Je refuse d'être exécutée par les anges. Que vous dites, vous êtes aussi fourbe que les démons, votre aura de lumière n'étant alors que plus hypocrite.

Un courant d'air, un ange pénètre l'endroit. Il ne nous voit pas, je le sais, je n'ai pas senti son regard, il s'installa au bar, j'entends le tabouret râcler le sol. Il commande, calme, sans idée béliqueuse. La guerre semble loin derrière nous et pourtant nous en sommes à son apogée.

(ah ah ah ! XD)

Jouer ?! Oui... peut-être bien que je jouais un peu avec elle. Mais elle ne s'énervait pas assez pour que je vois une faiblesse en elle. Continuer reviendrait à la faire partir et là n'était pas ma volonté. Elle m'expliqua qu'elle n'avait pas intérêt à faire la paix et que le guerre lui convenait très bien. Peu de surprises. Les bénéfices qu'elle en tirait, tout comme les autres seigneurs démoniaques, étaient bien supérieurs aux bénéfices de la paix.

"La rentabilité d'une guerre ne devrait pas se mesurer aux bénéfices qu'elle engendre, mais à son coût en vies..."

Elle l'avait dit, elle ne souciait pas de ce qu'elle trouvait insignifiant et je doutais que ses soldats ait une quelconque signification pour elle. Je vis un ange arriver au comptoir et commander une boisson. Il ne m'avait pas vu. Son visage était si las, son regard perdu dans le vide. Encore un qui sortait d'une bataille où il avait erdu un ami, un frère, un père... Je voulais que tout cela cesse. Je me rassis confortablement sur ma chaise et soupira de cette lassitude qui me prenait soudain. Je plongeais mon regard dans celui de la démone et pour rien au monde je n'aurais regardé ailleurs. Elle représentait le danger pour Eden. Le pouvoir des enfers était faible et divisé et temps que cela durait, le paradis serait en sécurité, mais qu'arriverait-il si elle, Lady Aozora mettait de l'ordre dans tout cela ?

Je repensais soudain à ce qu'elle venait de dire sur Satan et Dieu. Oui, ils ne reviendraient que si la souveraineté d'un peuple était assurée. Mais cela voulait-il dire obligatoirement guerre ? Non, je ne le pensais pas. Anges et démons sont déjà souverains de leur propre royaume, mais ni les uns, ni les autres ne voulaient l'admettre. Plus, ils voulaient toujours plus ! Après un court moment, je rompis le silence qui s'était installé.

"Etablir sa souverainté... Qu'est-ce que cela signifie au juste ? Votre peuple comme le mien y voit l'obligation de mettre à mort l'autre, qu'il n'en reste plus qu'un à la fin. Moi... Moi je pense que si les anges se contentaient du Paradis et les démons de l'Enfer, chacun serait souverain chez soit et nous verrions revenir nos créateurs."

Je bougeais légèrement mon dos pour me réajuster sur le dossier et celui-ci crissa. L'ange au comptoir tourna la tête et quand il m'aperçus, il se raidit et déposant son verre il voulu se lever prestement pour me saluer et partir, mais je l'appaisai d'un signe de main et un visage compréhensif. Non, je n'aimais pas voir des anges boire sans raison et sans fin, mais chaque situation était différente et réclamait une gestion différente. Cet ange était entrain de pleurer un défunt proche et cela crevait les yeux alors qu'il replongeait le nez dans son verre. De mon côté, je reportais mon attention sur la démone. Le temps des jeux était terminé...

"Vos troupes sont peut-être prêtes, mais les miennes aussi et cela ne me plait pas. Combien de morts ? Combien tomberont dans cette guerre ? Je vis depuis trois siècle et rien que sur le dernier siècle j'ai vu cette guerre emporter bien plus de vies qu'elle n'aurait jamais dut... Et pourtant, elle ne fait que commencer."

Ne croyez pas que je suis entrain de dire que je refuserais de combattre. Je suis fidèle aux cieux, mais prendre des vies n'est pas un plaisir pour moi. Et en même temps, je voyais en face de moi cette femme à l'arrogance sans bornes et prête à tout pour porter son influence jusqu'au sommet. L'empereur démon ferait bien de faire attention à lui et à son pouvoir. Eden serait tranquile temps qu'elle viserait son propre camp, mais cela ne durera pas éternellement. Ce jour, des milliers d'anges mourront et cela m'était difficilement supportable.

"J'ignore ce que vous attendez de moi, mais je ne jouerais pas plus longtemps la comédie. Je suis un soldat fidèle aux cieux et à mon roi. Je tuerais quiconque qui essayera de mettre en danger Eden et combattrais les ennemis de mon roi. Néanmoins, que ce soit clair, ma première cible sur un champ de bataille se sera vous où tout autre seigneur démoniaque que je croiserais. Cela peut vous paraître stupide de vouloir épargner la vie de vos congénaire, mais peut-être qu'un jour la haine se dissipera et que anges et démons se remettrons en question."

J'avais dit ce que j'avais à dire et j'en savais assez sur cette démone. Je n'avais plus aucun intérêt à rester ici. Par politesse, j'attendais de voir si la démone avait quelque chose à ajouter, où si elle voulait relancer la conversation, mais mon intérêt pour elle s'était grandement affaiblit. Je gardais néanmoins une attitude neutre et toujours aussi calme.

(ça faisait longtemps que j'avais pas fait aussi court pour ce rp ! XD Contente d'avoir débattu en ta compagnie)

Qu'ainsi soit fait... Pourrais-je dire. Je me tus, il n'y avait rien à dire, les utopies d'un archange ne méritent pas de réponse que le dédain d'un démon. Être à ce point naïf ... Je trouvais cette image discordante au personnage. Je n'aurai pas à m'y faire. Il était l'heure de se quitter, la conversation avait atteint des retranchements qui n'avaient plus guère d'intérêt que de soulever les raisons pour lesquelles les démons et les anges ne se "remettent pas en question", pourquoi ils se battent, et plus le temps passera et plus nous aurons l'envie de nous entre-tuer. Certes, il est temps de clore, de fermer les yeux sur une rencontre qui n'aurait jamais dû être.
Sa phrase finie, je m'autorisais à me lever. Il n'y aurai aucune main de serrée ou d'inclination respectueuse. Les courbettes étaient pour ceux qui n'ont d'eux-même qu'une confiance infime, qu'un amour obsolète. Je me tenais droite, je l'observais dans son armure d'argent, les cheveux blancs et les yeux métalliques.

-Je vous laisse à vos rêves. Il y a ici des humeurs qui ne sont plus de celles que je puis supporter.

Personne à remercier, j'enfilais mes gants, un sourire. Il y avait bien que cela que j'acceptais de disséminer sans en récupérer en échange. Je laissais sur la table une pièce d'or, j'avais beau ne pas avoir toléré le vin je n'étais pas un de ces vilains qui vole et pillent. Payer ainsi, l'idée que je faisais à cette auberge l'honneur d'y être en tant que cliente. C'était cela les apparences de la seigneurie. Je crois bien être la seule des seigneurs à agir ainsi, et personne n'osera me railler.

Il me restait à l'idée un principe qu'Aëlion avait cité. J'allais tourner les talons et partir sans un mot supplémentaire lorsque je penchais la tête pour laisser un dernier mot.

-Il y a une grande différence entre nous Archange, et elle fait partie de celles qui empêche toute co-existence entre les démons et les anges. Pour vous, tout ange est votre congénère, votre frère, votre allié, pour moi les démons ne sont à mes yeux que les boulets que j'enfile dans mon canon. Il n'y a pas de sacrifice, c'est ainsi que fonctionne les enfers. Il n'y a pas de frères, il n'y que des serviteurs.

Enfin, je tournais le dos à la table, ramenais mes cheveux blonds d'un mouvement de tête et je quittais les lieux sans un mot supplémentaire. Il y avait non loin le portail dont je me servis pour regagner les enfers, retrouver le place de la ville, mon étalon Ordali. Chevauchant je regagnais mon désert, mon domaine et ma villa. Il n'y avait là que ceux qui me servaient, par crainte ou croyance inutiles. Il y avait aussi ceux que j'estimais, les rares à bénéficier de ma protection et de mon hospitalité. Bélial, et les frères Valère et Valeron.
Las, le chemin fut long et cette journée enrichissante.

(Contentement partagé Do² ! ^^)

Je n'eus pas à attendre sa réaction. Elle se leva me sortit avec toute l'arrogance de sa race une phrase qui ne me surpris pas, pas plus que le fait qu'elle ne fasse preuve d'aucune politesse en se levant. Elle paya et s'apprêta à partir. Je savais ce qu'elle allait me dire. C'était une vérité que j'avais du mal à admettre, mais qui était bel et bien réelle. Les enfers étaient cruels, plus encore leur dirigeants. Néanmoins, cette simple affirmation de la démone stoppa mes remords et mes doutes. S'il n'y avait aucun moyen de les raisonner, alors il ne restait plus qu'une seule solution et j'étais sûr que Lady Aozora serait d'accord avec moi. Un génocide... N'ayons pas peur des mots, car c'était buen un génocide qu'il faudrait pour que la paix soit rétablit. Anges ou démons. Un seul peuple restera et je ne permettrais pas qu'Eden disparaisse.

"Alors notre prochaine rencontre se fera sur un champ de bataille démone. Ce jour arrivera bien vite je suppose, mais sachez que dans votre QG ou ailleurs, entourée de défenseurs ou non, cette rencontre sera inévitable. Je ne sais qui restera de vous ou de moi, mais je sais qu'il n'en restera qu'un."

Une menace ? Non, je ne menaçais jamais. C'était une promesse et Dieu sat que je tiens mes promesses. Le calme de ma voix contrastait avec l'ambiance pesante de cette taverne. Sans un mot, elle tourna le dos, remit en place ses cheveux d'un mouvement de tête et quitta les lieux. Je restais un moment assis sans bougé. Je repensais à cette rencontre contre nature, mais interressante. Je connaissais désormais le visage de mon ennemi. Cette journée avait été pénible, mais néanmoins enrichissante. Bougeant à peine les lèvres, ne soufflant d'air que ce qu'il fallut pour émettre un son presque inaudible, je laissai échapper ce qui résumait le futur de cette guerre.

"Ainsi soit-il."

Il n'y avait rien d'autre à ajouter. Je me levais et me dirigeai vers l'ange accoudé au comptoir et paya sa consommation avant de lui mettre une main sur son épaule déjà chargée de douleur. Il tourna la tête et son regard las croisa le mien, insondable. Je lui fis un sourir discret, compatissant et compréhensif.

"Viens mon frère. Allons pleurer celui que tu as perdu de façon plus honorable."

Il ne répondit rien, mais des larmes coulèrent sur ses joues. Un visage si jeune... Il se leva et m'emboita le pas. Nous quittions ensembles cette auberge et sur le dos de mon griffon, nous regagnâmes Eden. Nous regagnâmes un monde en guerre, mais c'était le nôtre.

[RP CLOS]